We have the power to change our lives and the world.
Alyssa Novacco
Messages : 237 Date d'inscription : 04/02/2016
Crédits : Tag sur Bazzart pour l'avatar
Âge du personnage : 25 ans
Lun 15 Fév - 0:33
We have the power to change our lives and the world.Cela doit bien faire une demie-heure que je fixe le tiroir. Il n'a pas bougé. Étrange, n'est-ce pas ? Si Mackenzie me voyait dans cet état, elle croirait que je suis déjà saoule, en pleine semaine et à deux heures de l'après-midi. Mais je ne le suis pas. Je suis aussi sobre que je peux l'être et je ne suis pas fascinée par le bois de ma table de chevet. Non. En fait, je me pose surtout des questions sur ce qu'il y a à l'intérieur du tiroir. Et d'un objet en particulier. Celui qui m'a bouleversé, il y a déjà plusieurs mois. Celui qui m'a fait tout remettre en cause et à cause duquel j'ai sombré. Pour mieux me relever. J'hésite. J'hésite parce que le voir me rappelle que tout ça est bien réel. Qu'il a existé et que ce n'est pas mon esprit torturé qui a tout inventé. J'hésite parce que voir son écriture me fait du bien, de temps à autre. Même sans lire les mots, même juste quelques secondes. J'hésite parce que bien que j'aime la voir régulièrement, je veux cet objet en sécurité. Je veux qu'il soit loin de tout problème potentiel. Et c'est un fait, je peux en être un. Les gens que je ramène dans cet appartement peuvent en être un. Les gens qui se ramènent tous seuls pourraient en être un. Et même des accidents pourraient en être un. Alors j'hésite. J'hésite alors que je sais que je n'ai plus tellement à hésiter. J'ai pris rendez-vous pour dans une heure et à partir de là, un retour en arrière s'annonce difficile. Il faut que j'arrête d'hésiter.
J'ouvre le tiroir et en sort la lettre. Elle est placée dans une pochette plastique. Je ne prends aucun risque. Je n'ai pas à l'apporter aujourd'hui mais je préfère la prendre en photo avec mon portable, au cas où on me pose des questions. Et juste pour l'avoir auprès de moi. Je la prends sous tous les angles. De loin comme de près. Elle a l'air si petite comme ça, sur mon lit aux draps blancs. Pourtant elle est si grande. J'aimerais qu'au moins la moitié des mots n'y soient pas inscrits. Qu'ils n'aient jamais pu avoir été inscrits parce que rien ne serait arrivé. Mais le passé ne s'écrit pas sur du papier. Il s'écrit sur la pierre, il s'écrit sur la Terre. Je replace la lettre dans sa pochette et la range dans le tiroir. Il est temps de partir. De faire les bons choix. Je prends mon sac à main et mes clefs. J'ai tout ce qu'il me faut et je planifie déjà de m'arrêter dans un Starbucks en revenant, il va me falloir une bonne dose de café après cette journée. Sur la route, j'essaye de me souvenir de ce dont je connais de mon avocate. Pas grande chose finalement. Elle m'a aidé pour changer mon nom de famille et j'ai été assez contente de son travail. Assez contente aussi de trouver une avocate et pas un avocat. J'ai l'impression que j'avais plus confiance en elle grâce à ça. Ce qui étrange et je m'en voudrais de penser ça à présent. Tous les hommes ne mérite pas la discrimination. Tous les Hommes méritent par contre suspicion. Mais elle a été assez aimable tout en faisant très bien son travail et sans s’immiscer dans ma vie. Trois bons points qui fait que je la garde à présent comme avocate attitrée. Et bon, je n'en ai pas vraiment cherché d'autres non plus.
Le hall d'entrée me semble aussi froid que la dernière fois. Étrange coutume des bureaux d'avocats pour vous mettre à l'aise. Je me dirige vers l'accueil pour faire savoir ma présence. Les photos de la lettre sur mon portable semblent peser des tonnes dans mon sac à main.
- Bonjour, je viens pour mon rendez-vous avec mon avocate, Eleanor Young. - Bonjour. Votre nom, s'il vous plaît ?
Elle me regarde à peine et j'ai bien envie de lui que non, il ne me plaît pas.
- Alyssa Novacco.
Je réponds assez sèchement pour que cela lui fasse relever la tête. Mais c'est trop tard pour les excuses, ma chérie. Puis elle vérifie sur son ordinateur si je dis bien la vérité avant de me tendre la carte de visite de Madame Young, pour que je sache où est son bureau, sans doute.
- Vous pouvez y aller, elle vous attend.
Son ton s'est beaucoup adouci mais ce n'est pas le cas de mon humeur. Ce n'était pas le jour pour me chercher.
- J'en ai déjà une, merci.
Et je me retourne sans un mot de plus. Espérant qu'elle ne soit plus là quand je descendrai parce que je ne supporterai pas ses yeux de chien battu. Arrivée devant la porte du bureau, je m'arrête quelques secondes. Il n'y a rien de réellement officiel dans ce que nous allons faire mais j'ai déjà l'impression que c'est le premier pas vers l'abandon. Après cela, je me serais déjà un peu éloignée de sa lettre. De lui. Pourtant il faut que je le fasse. C'est la bonne solution. Je me le suis assez répété. Alors je toque. J'attends qu'on me fasse signe d'entrer et je le fais. Eleanor Young a à peine changé. Je le vois déjà d'ici et encore, je ne la regarde pas vraiment. Je suis plus impressionnée par son bureau, à vrai dire.
Crédits : moi-même pour l'avatar, okinnel pour la sign, tumblr pour le gif
Âge du personnage : 28
Mer 9 Mar - 1:14
Eleanor & AlyssaWe have the power to change our lives & the worldUn compte-rendu, deux comptes rendus, trois comptes rendus. Et un soupir. Ma matinée s'était résumée à faire mes rapports d'affaires terminées pour le cabinet et j'avais eu très peur de ne pas en voir le bout avant la pause déjeuner. Cela avait toujours été une corvée depuis le début de ma carrière et je n'arrivais pas à comprendre pourquoi. Après tout, préparer une affaire à présenter au tribunal ne m'ennuyait pas à ce point, pourquoi la boucler devait-il en être autrement ? Pire, cela pouvait en quelque sorte ressembler aux cas théoriques que j'avais pu étudier à Yale et en aucun cas je ne les avais trouvés ennuyant, sauf exceptions. Etait-ce un contre-coup de la routine ? C’était pourtant cette routine, cette stabilité, qui m’avait fait tenir au moment de l’apparition de mes nouveaux pouvoirs. Qui m’avait fait accepter la chose, d’une certaine manière également. Alors pourquoi devait-elle être ennuyeuse maintenant ? Car depuis juin, tout s’était enchaîné. Le décès d’Adam Montgomery, la création du cluster, la rencontre entre les personnes du cluster en vrai ou non, l’adaptation et les nouveaux pouvoirs, les remises en question, les peurs également. Et pourtant il avait fallu continuer à vivre comme si de rien n’était. Cacher toute cette histoire et s’adapter. Puis deux autres Benders avaient été tués et Wren m’avait demandé : « eux aussi ont créé un cluster tu crois ? » le plus innocemment du monde. Comment pouvais-je le savoir ? Et pourtant, une part de moi avait l’impression d’avoir la réponse. Que nous n’étions pas les seuls de cette ville. Que les meurtres étaient liés. Que quelque chose clochait et que tout était lié à Upsilon. Etait-elle réellement de retour ? Ce mot, cette expression, cette lumière, j’en arrivais encore à faire des cauchemars parfois. Bien trop de choses restaient un mystère dans cette histoire et sortaient de la routine.
Alors pourquoi m’ennuyais-je avec ces comptes rendus ?
Je soupirais et fus soulagée en voyant l’heure sur mon ordinateur. J’avais un peu moins d’une heure pour prendre ma pause déjeuner et revenir pour un rendez-vous à quatorze heures avec une tête familière : Alyssa Novacco. Nous avions sensiblement le même âge, bien que je sois la plus vieille de nous deux. J’avais déjà eu à m’occuper de la jeune blonde dans une histoire de changement de nom de famille. La jeune Alyssa avait voulu, à l’époque, prendre le nom de famille de sa mère. J’avais pu alors en apprendre plus sur sa famille, bien loin de la mienne qui était soudée. Du moins, si je me cantonnais à mes parents, Eliott et Emmeryn. On ne pouvait pas dire que mon père et son Président de frère soit proche de toute manière. Elle avait dû me raconter un petit bout de son histoire pour que je comprenne et puisse lui permettre de changer de nom, le tout ne pouvant être divulgué sous peine de violer le privilège avocat/client et de se faire licencier du Barreau. Tout ce qu’il ne fallait pas faire en somme. Je ne pensais pas la revoir de sitôt mais la jeune femme avait repris un rendez-vous avec moi en début de semaine, en restant très vague sur le motif. Quelque chose ayant un rapport avec son frère, voilà tout ce dont je pus savoir. Je rangeai quelques affaires et partis en trombe de mon bureau pour aller m’acheter un bagel et un Starbucks en bas de la rue. C’était drôle de savoir que certaines multinationales comme Starbucks avaient résisté aux vents et marées et étaient toujours debout en 2040. Mon père m’avait raconté qu’il avait passé bien trop de temps dans des Starbucks lors de ses études pour réviser. Le café, cher mais délicieux, avait été sa source d’énergie les veilles d’examen ou de rendus. Je ne pouvais m’empêcher d’esquisser un sourire à chaque fois que cette histoire me revenait en mémoire, me retrouvant bien trop facilement dans cette situation. Le café avait été et sera toujours un de mes alliés, me trouvant malheureusement trop accro au liquide ambré pour mon propre bien. Aujourd’hui, je n’excédais pas les quatre tasses par jour, tournant généralement autour de deux ou trois tasses. Mais alors que certains s’étaient dopés aux boissons énergisantes avant un devoir, je ne pouvais pas supporter l’idée de ne pas avoir un café à portée de main. Le liquide m’aidait d’une certaine manière à gérer ce stress qui me mit beaucoup de bâtons dans les roues pour l’apprivoiser. Et si la donne avait changé aujourd’hui, le café restait tout de même une bonne solution pour calmer mes nerfs, étrangement.
J’étais remontée dans mon bureau depuis quelques minutes lorsque l’assistante m’appela. « Eleanor ? Alyssa Novacco vient d’arriver. » Je sortis mes quelques notes avant de répondre un « Merci. Faites-la rentrer » dans le combiné. Une poignée de minutes plus tard, la blonde toqua à ma porte. Je lui fis signe de rentrer et me levai de ma chaise, bien loin de me douter de ce qu’il allait arriver ensuite. Nous nous saluâmes d’un « Bonjour » quasiment en même temps. Puis nos regards se croisèrent et je compris que quelque chose allait changer, une nouvelle fois. Le lien se tissa sans que je puisse faire quoi que ce soit et me confirma ce que je pensais déjà : un autre cluster existait et nous pouvions, si nos regards se croisaient, avoir également un lien entre sensers d’un cluster différent.
We have the power to change our lives and the world.On s'habitue sans vraiment s'habituer. Les sensations sont à chaque fois sensiblement les mêmes. C'est assez facilement reconnaissable. Mais c'est toujours aussi surprenant. On ne s'y fait pas vraiment. On redécouvre à chaque fois parce qu'à chaque fois c'est une personne différente. A chaque fois c'est différent et encore plus quand on ne vient pas du même cluster. J'ai encore un peu de mal à percevoir toutes les nuances. Parfois, je me dis que je ne devrais même pas essayer. A quoi bon ? On ne peut pas être tant que ça, si ? A un moment cela s'arrêtera. A un moment, le plus important ne sera pas le processus de reconnaissance mais apprendre à faire avec tout ça. Sa main dans la mienne, je ressens sa surprise, qui fait écho la mienne. Ses mots hésitants accentuent la sensation de gêne que je perçois presque comme la mienne. J'arrive encore moyennement à différencier ce qui est à moi et ce qui est aux autres. C'est plus facile quand ce ne sont pas des sentiments que je ressens d'habitude. La gêne en fait partie. Surtout que je n'ai aucune raison d'être gênée. Je jette un coup d’œil derrière moi, histoire de vérifier que la porte est bien fermée. On est jamais trop prudents. Je doute que les Sensers soient bien accueillis vu comment l'ont été les Benders.
- Depuis la mort de Victor Harrison. Et toi ?
Je ne vois plus l'intérêt de se vouvoyer. Après tout, nous avons (quasiment) le même âge et nous partageons nos émotions. Nous ne faisons pas qu'un, ce serait exagéré. Je ne pense pas faire un même avec ceux de mon cluster. Mais nous sommes proches. Plus proches que deux Sapiens ou deux Benders lambdas ne pourront jamais l'être. Je me dis d'ailleurs qu'Eleanor est une des inconnues qui me connaît le mieux. Je ne parle pas souvent de mon passé et encore moins de mes chers parents. Mais elle, elle sait. Elle sait juste ce qu'il fallait qu'elle sache mais elle en sait suffisamment. Et elle s'apprête à s'en savoir encore un peu plus. Mon esprit se tourne vers la photo de la lettre, enregistrée dans mon portable. Ce pincement au cœur refait surface. Il ne me fait pas si mal. Je le connais. Je l'ai accepté. Rien de nouveau sous les nuages sombres.
- Tu en as rencontré d'autres ? Je me demande combien en est, quand même.