Jurant largement, dans un mélange d’Anglais et d’Allemand, Swann ajuste l’attelle sur son bras et son épaule, tentant de se débrouiller du mieux qu’elle peut, même avec un seul bras pour accomplir la tâche. Au moins, elle n’a plus l’écharpe qui tenait son bras, et peut se contenter d’une attelle qui lui tient le haut du bras. C’est une amélioration, mais toujours pas ce qu’elle désire. Une nouvelle fois, elle maudit le foutu abruti qui lui a collé une balle juste sous l’épaule. Connard. La prochaine fois, elle lui cramerait la face. En attendant, elle doit se débrouiller comme elle peut. Néanmoins, elle s’est suffisamment blessée, que ce soit en apprenant à maîtriser son feu ou en boxant, pour savoir qu’on ne plaisante pas avec une blessure, bien au contraire. A part si on veut être handicapé à vie, et Swann ne supporterait pas cette idée. Alors elle a suivi toutes les prescriptions du médecin, a largement limité son entraînement physique, s’est contentée de faire travailler son bras avec douceur, et enfin, enfin, le jour tant attendu est arrivé. On lui a donné le feu vert pour reprendre les vrais entraînements au Dojo Rubis, ainsi que ceux pour le Pro-Bending. Les White Death sont en pause depuis un mois, en raison des blessures de Swann tout comme celles de Kenzie. Leur Bender Air les a aussi lâchés, sans aucune surprise. Cela semble être devenu une habitude depuis deux ans.
Etant finalement satisfaite avec son attelle, et s’estimant pratiquement prête, Swann saisit son téléphone pour vérifier qu’elle n’a pas reçu de message d’Alyssa. Le dernier est l’affirmation pour leur rendez-vous de quatorze heures au Dojo Rubus, et Swann range son téléphone dans son sac de sport avec satisfaction. Fin prête, vérifiant qu’elle a bien tout, dont ses bouteilles d’eau, ses fruits et ses barres de céréales, elle quitte son appartement d’un pas décidé. Le chemin jusqu’au Dojo est rapide, une dizaine de minutes à tout casser. L’avantage de vivre dans le même quartier. Alors qu’elle pénètre dans le Dojo pour la première fois depuis un mois, Swann se sent… revivre, c’est le mot. Elle a l’impression de retrouver ce qu’elle est, ce pour quoi elle vit depuis qu’elle est enfant, en un seul souffle. Elle ne s’est pas rendue compte qu’être privée de son bending l’avait autant blessée. Elle se savait frustrée, en colère, prête pour une revanche… mais blessée, peinée de cette privation, elle n’y s’est pas attendue. Pourtant, cela n’est pas vraiment surprenant. Son Feu est une part d’elle-même, une part de qui elle est, autant que le sang dans ses veines et l’air dans ses poumons. L’en priver, c’est comme la priver d’un de ses membres. Ce qu’elle a, au final, expérimenté en une seule nuit.
Plutôt que ruminer à nouveau ses pensées noires, Swann se dirige vers le vestiaire des femmes d’un pas habituel. Il est bon de retomber ainsi dans une routine qu’elle connaît depuis quatre ans désormais. Elle s’est changée en avance, ne voulant pas galérer quinze ans au Dojo, et se contente de poser ses affaires en trop dans un casier. Son sac dans sa main solide, sa bouteille d’eau dans l’autre, elle se dirige vers un coin de la salle, pose ses affaires sur un banc. Rapidement, elle commencement l’échauffement, s’étire avec douceur et fermeté. Quand elle relève le regard un quart d’heure plus tard, c’est pour se retrouver face à une autre blonde. Un sourire aux lèvres, Swann fait un de main à Alyssa. « Hey Aly’ ! Comment tu vas ? Pile à l’heure, tu gères ! Rejoins-moi donc au sol, qu’on commence par quelques étirements afin de s’échauffer. » Elle en a déjà fait pas mal, mais cela lui fait du bien de préparer correctement son bras et son épaule à l’effort qui va survenir par la suite. Montrant les gestes à Alyssa, Swann sait reconnaître sa partenaire d’entraînement : juste dans ses gestes, précise dans ce qu’elle fait. « Une idée précise de ce que tu veux faire à cet entraînement ? »